Photos de Michel Leroux datant de 1984 - 8 ans après la mort d'Albert Chasseray
De nos jours après la folie destructrice de 1985
Les sculptures sauvées par Roger
L'association Laguz recherche depuis un an des documents
écrits, photocopiés, photographiques ou autres concernant
le Moulin Joyeux et son constructeur, Albert Chasseray.
Association Lagus
Le moulin Joyeux - Route du dragon - 72540 Loué
E mail : bugaleglaz@yahoo.fr

Albert Chasseray (1894-1976)
Acteur il jouera à la Comédie Française, notamment l'Avare, avec Michel Simon. En 1947 il se
retire à Loué, dans une maison de village, mais le bonhomme déplait "l'originau" dérange. Suite
a un différent avec son propriétaire, il est expulsé, il se réfugie sous le marché, avec femme et
enfants. Finalement, seul, il décide de se construire une maison sur un terrain qu'il possède a
la sortie du village "le Moulin Joyeux" du nom d'un cabaret parisien et décide de faire de ce
terrain très pentu (15 mètres de dénivelé), bordé par une rivière, une scène de théâtre à ciel ouvert.
Il disait "comme Molière, moi je rigole de tout, on se prend pour des sommets et nous sommes 
des trous du cul". Dans une cavité, il construit un bar entre les jambes de Don Quichotte, "le bar
de la dalle en pente", les chaises portent le nom des acteurs de l'époque "pour amener du monde
dans ce sale bled, où il n'y avait a voir que ma sale gueule".
Narguant l'hôtel de la discorde, cause de ses malheurs, il érige "le dragon de la calomnie", édifice
de 15 mètres auquel si l'on ajoute les 15 mètres de dénivelé de son terrain, porte le monument à
30 mètres au dessus du village, là s'en est trop, surtout pour le voisin d'en face. Les enfants eux
sont ravis et peuvent le jeudi rêver avec Blanche Neige, les Nains, les champignons géants,
monter sur la tête du dragon. Il n'a pas que des détracteurs, Roger l'entrepreneur du village,
déjeune avec lui tous les mercredi, Pierre Bonte lui consacre une émission. Il finira sa vie dans la
misère. Le 17 décembre 1976, il meurt seul, comme un chien, dans sa maison, son corps  sera
découvert quelques jours plus tard.
Le voisin précité rachètera la propriété de Chasseray, ou il ne mettra jamais les pieds, sa vindicte
tenace, le conduira a faire venir les bulldozers pour un saccage minutieux, Roger n'a que le temps
de sauver Don Basile, Don Quichotte, un Nain et quelques champignons. Le dragon, construction
en béton armé sera réduit en miettes, même la maison, ultime souvenir anodin sera écrasée
réduisant à l'état de gravats, le passage d'Albert Chasseray aux pays de la volaille.
Ce triste jour de 1985 au collège, dont les fenêtres donnent sur le terrain, les professeurs arrêterons
les cours, les larmes aux yeux, les enfants assisteront impuissants, à la destruction de cet espace
de liberté et de bonheur. L'agonie du dragon restera à jamais inscrit dans la mémoire de Vincent,
qui pourra enfin acquérir le terrain en 2004. Pour des raisons obscures, on lui refuse un permis de
construire, pourtant, bien que rasée, il subsiste les fondations de la maison de Chasseray.
Obstinément Vincent récupère les plus petits morceaux de ciment peint, dans l'espoir de faire
revivre un personnage de sa petite enfance et accumule souvenirs et photos jaunies.
Espérons que Sancho Pansa, caché sur la vieille tour, pourra un jour retrouver Don Quichotte...
Texte de Joba
Photos : collection Thierry Bariolle
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